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CARAVAGE, UN GÉNIE MÉCONNU DE L’HISTOIRE DE L’ART



Celui qui peint la douleur humaine


Caravage est un peintre italien né à Milan en 1571 – mort à Rome en 1610. Il est considéré comme l'un des plus grands peintres de la période baroque et comme l'un des premiers peintres modernes. Un artiste extrêmement talentueux et innovant qui a marqué l'histoire de l'art avec ses techniques picturales uniques. Son utilisation de la lumière, de la perspective et de l'ombre pour créer des effets dramatiques a été largement imitée et a eu une influence durable sur les peintres qui l'ont suivi. Les tableaux du Caravage sont exemplaires en termes de technicité, et d'ingéniosité artistique.


Il commence sa carrière en tant que peintre de scènes, de genre et de portraits, mais il devient célèbre pour ses peintures dramatiques et complexes, qui présentent souvent des sujets religieux, mythologiques et historiques. Le style du Caravage était novateur pour son époque, car il utilisait des effets d'ombres et de lumières pour créer une profondeur et une atmosphère dramatique dans ses peintures. Il a également innové en utilisant des couleurs vives et contrastées pour attirer l'attention sur les sujets principaux de ses créations.


Malgré sa carrière couronnée de succès, la vie personnelle du Caravage était turbulente. Il avait des antécédents de violence et de comportement antisocial, ce qui l'a fréquemment mis en conflit avec les autorités religieuses et politiques. En 1606, il est accusé d'avoir tué un rival en duel et se voit contraint de fuir Rome. Il retourne dans la capitale italienne en 1610, où il meurt peu de temps après, à l'âge de 39 ans.


Bien que son décès fut précoce, l'influence du Caravage est considérable. Son style révolutionnaire a été adopté et développé par de nombreux peintres postérieurs. Ses œuvres continuent d'être appréciées pour leur beauté et leur complexité technique emprunte de virtuosité. Aujourd'hui, le maître de l’ombre et de la lumière est considéré comme l'un des peintres les plus importants de l'histoire de l'art européen.


Il est difficile de déterminer combien de tableaux Caravage a peint, car de nombreux travaux non attribués à l'artiste peuvent être alloués à son atelier ou à ses imitateurs. Cependant, selon les estimations, Caravage aurait peint environ 40 à 60 tableaux. Parmi les œuvres les plus connues de Caravage figurent "The Taking of Christ" (1602), "The Martyrdom of Saint Matthew" (1600-1602), "Judith Beheading Holofernes" (1598-1599), "The Conversion of Saint Paul" (1600-1601), entre autres.




L'art révolutionnaire du Caravage


Le Caravage était un peintre extrêmement talentueux, connu pour ses techniques de peinture révolutionnaires. Il a marqué l'histoire de l'art en utilisant de manière novatrice la lumière et l'ombre pour créer une profondeur et une dramatisation dans ses peintures – en créant des scènes extraordinaires.


Tout d'abord, le Caravage créait des effets de lumière dramatiques en utilisant des couleurs brillantes et vives, telles que le rouge et le jaune, afin de produire un contraste avec les zones d'ombre plus sombres de ses réalisations. Il a également exploité des jeux de lumière pour mettre en évidence les sujets de ses peintures et les faire ressortir de l'arrière-plan.


En outre, le Caravage était un expert de la perspective. Il créait une illusion d'espace. Le maître italien utilisait aussi la perspective pour créer une dynamique et mettre en valeur les différents éléments de ses compositions. Le Caravage était aussi habile concernant les zones d'ombre, grâce auxquelles il accentuait la dimension dramatique de ses créations. Il jouait avec ces zones pour faire ressortir les sujets de ses peintures – les faisant paraître plus solides et plus réels. Il utilisait ces effets pour suggérer des sentiments intenses.




Une vie tumultueuse – des ténèbres à la lumière


La vie privée du Caravage est moins connue, souvent mystérieuse. En examinant certaines des étapes clé de sa vie, nous pouvons mieux comprendre cet artiste génial et complexe.


Il est important de noter que le Caravage était habituellement considéré comme un personnage controversé et rebelle dans la société l’époque. On le savait fréquemment impliqué dans des bagarres et dans des duels, ce qui a continuellement attiré une attention négative sur lui. De plus, il était considéré comme étant peu coopératif, ce qui a engendré de nombreux conflits avec ses commanditaires et ses employeurs. Malgré ces défis, le Caravage poursuit son art avec passion et détermination. Il commence à peindre à Milan, où il est inspiré par les peintures Renaissance. Toutefois, il développe rapidement son propre style. Il déménage ensuite à Rome, où il reçoit de nombreuses commandes de la part de la haute société de la ville, notamment du pape.


Cependant, même à Rome, le Caravage continue à se faire des ennemis. Il est arrêté à plusieurs reprises pour des infractions, telles que la participation à des rixes ou à des joutes. Il est même emprisonné à de multiples reprises. Malgré ces impairs, il continue à peindre et à travailler sur ses commandes – produisant des œuvres saluées pour leur aspect inventif et leur incroyable climat.




La représentation de scènes bibliques dans les peintures du Caravage

Le Caravage a produit une série de peintures au cours de sa vie, à Rome – considérées comme des œuvres majeures de l'art baroque. Parmi elles, des scènes religieuses éblouissantes. L'une de ses peintures les plus connues : « Judith et Holopherne » – représente la scène biblique de Judith décapitant Holopherne. Ce tableau est remarquable pour son utilisation de la lumière dramatique, mettant particulièrement en évidence les expressions intenses et les mouvements des personnages. La palette de couleurs sombres utilisée renforce l'atmosphère grave de la scène, tandis que des détails précis et des textures réalistes ajoutent une profondeur supplémentaire à l’œuvre canonique.


« La Conversion de Saint-Paul » est une autre peinture importante du Caravage. Ce tableau représente la scène de la conversion de Saint-Paul sur le chemin de Damas. De nouveau, la lumière joue un rôle clé dans la composition – créant une atmosphère pleine de mystère et de révélation. Les mouvements rapides et les expressions tragiques des personnages ajoutent, en outre, une tension dramatique à la scène.


« Le Martyre de saint Matthieu » représente la scène de la mort de Saint Matthieu. La lumière exposée et les couleurs sombres de ce tableau instaurent un climat de tension et de violence, tandis que les mouvements et les expressions des personnages ajoutent une dimension déchirante à la scène. Les détails réalistes et la finesse des textures ajoutent un effet poignant supplémentaire. En analysant sa vie et son œuvre, nous pouvons mieux comprendre cet artiste complexe et fascinant qui a marqué de son empreinte indélébile l'histoire de l'art.




Le Caravage au cinéma

La vie passionnante du Caravage, peintre, humaniste et criminel, est brillamment reconstituée au cinéma dans le film de Michele Placido, sorti le 28 décembre 2022, intitulé « Caravage » – qui retrace avec précision le contexte politique et religieux extrêmement violent dans lequel les génies de la Renaissance italienne ont évolué.


Caravage choisit une prostituée comme modèle pour représenter la Vierge Marie. Dans le film, un personnage déclare : « Je suis peut-être une putain, mais grâce au Caravage, je suis la mère de Dieu ». Cela fut un sujet épineux pour le pape et ses cardinaux, outrés. Lorsque Caravage, considéré comme le peintre le plus sulfureux de la Renaissance, fut interpellé en train de commettre un meurtre, les hommes de foi ont sauté sur l'occasion pour se débarrasser de lui. Le Caravage quitte alors Rome pour Naples – s’ensuivra une poursuite qui durera plusieurs années.


On connaît peu sur la vie et surtout sur la mort de Caravage, l'inventeur du « ténébrisme » et du clair-obscur, ce mouvement baroque de la Renaissance qui accentue les contrastes, met en avant le naturalisme au cœur de la spiritualité et montre l'homme tel qu'il est, dans sa misère et non dans son idéalité. Contrairement à la Joconde, les œuvres du fugitif sont marquées par la fulgurance de regards qui cherchent Dieu ou la paix dans la boue.


Dans la Rome paillarde et débauchée du XVIIe siècle, où les beuveries, les duels et les rixes étaient quotidiens, Michelangelo Merisi, plus connu sous le nom du Caravage (joué par Riccardo Scamarcio, vu dans « Tre Piani » de Nanni Moretti), qui était adepte de la consommation excessive de vin et de chair, ne pouvait se déplacer sans arme. Le Vatican, où certains cardinaux le protégeaient, ne consentait pas totalement à rejeter un tel génie, à une époque où presque toutes les commandes venaient de l'Église, et Le Caravage était croyant, même s'il était empli de ténèbres. La marquise de Pescaire, Vittoria Colonna (interprétée par Isabelle Huppert), était une grande protectrice du Caravage et défendait qu’il traduisait en peinture la souffrance humaine.


Malgré le fait que cette époque était dure pour les femmes mal nées, maltraitées dans les bordels, le Caravage souffrait avec les pauvres plus qu'il ne profitait d’eux. En réalité, l'artiste mal considéré faisait triompher le bien. Il a peint « Les tricheurs », qui, au moins, jouaient franc-jeu dans les bouges, tandis que les évêques, ainsi que les notaires abusaient et molestaient les catins. Le Caravage était, si l’on peut dire, un justicier, semblable à Zorro. Un Robin des Bois de la peinture, en somme. Sa vie clandestine à Naples est évoquée de manière convaincante et plausible dans le film, à voir ou à revoir sans modération.


Le film présente toutefois une étrange particularité : un personnage fictif, l'inquisiteur et enquêteur du pape, connu sous le nom de L'Ombre, interprété par Louis Garrel. Ce dernier est chargé de déterminer si l'artiste mérite la grâce qu'il demande après des années de cavale.


La fin du film joue avec la réalité, laissant un grand vide – ouvrant la voie à toutes les possibilités. On ne sait pas si le Caravage est mort de la malaria en chemin vers Rome pour recevoir son absolution ou s'il a été victime d'un règlement de comptes à l'âge de 38 ans. Le film invite à résoudre cette énigme en visitant les églises de Naples ou en sillonnant les expositions dédiées à son Œuvre.


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