Le dimanche 8 janvier 2023, de violentes émeutes ont éclaté dans la capitale brésilienne. En effet, Brasilia est une ville classée au patrimoine mondial de l'UNESCO ; l'atteinte au patrimoine culturel brésilien est immense. Le pays, plus divisé que jamais, connaîtra probablement d'autres avanies ; espérons toutefois qu'il n'en fera pas le cas. Les partisans de l'ancien président brésilien d'extrême droite, Jair Bolsonaro, qui s'opposaient au retour au pouvoir de Lula, occupant sa fonction depuis une semaine, ont saccagé plusieurs bâtiments de la ville, notamment le Congrès, la Cour suprême et le Palais présidentiel (Palais du Planalto) sur une période de près de quatre heures de méfait.
Ces véritables joyaux de l'architecture moderne, imaginés par l'architecte Oscar Niemeyer et l'urbaniste Lúcio Costa, ont connu les heures les plus sombres de leur histoire, depuis leur construction. La police, qui a procédé à plusieurs centaines d'arrestations, a finalement pu repousser cette entreprise insurrectionnelle. Une catastrophe sur le plan matériel ; un bilan désastreux qui a poussé la Cour Suprême du Brésil à ouvrir une enquête. L’ancien Président Bolsonaro est clairement rattrapé par son passé criminel – suspecté d’avoir encouragé ces débordements.
Après le saccage et la destruction de sites antiques et archéologiques par l’État Islamiste en 2015 : la cité de Palmyre en Syrie, la violente destruction du temple de Baalshamin, les dégâts causés au musée de Mossoul en Irak ; les tableaux de Vincent Van Gogh et de Claude Monet, respectivement vandalisés à Londres et à Postdam en Allemagne à dix jours d’intervalle par des activistes qui ont jeté de la soupe à la tomate et de la purée de pommes de terre sur les œuvres afin de se faire entendre, rien ne peut désormais nous étonner.
La destruction a toujours fait partie intégrante des campagnes de propagande. Nul n’est censé ignorer que les bolsonaristes (liés à l'extrême-droite traditionnelle ou au catholicisme conservateur) sont les fervents soutiens d’un homme politique sans scrupules, prêt à mettre à feu et à sang le pays dans lequel il naquit le 21 mars 1955. Nous sommes véritablement inquiets pour l’avenir du Brésil et du peuple brésilien que nous aimons tant, qui a tant à offrir, mais dont le gouvernement semble si divisé, si corrompu qu’il ne parait pas plausible qu’une véritable accalmie puisse être envisagée à présent ; espérons-le, à postériori.
Un tableau poignardé sept fois
Vitres brisées, sols arrachés ou délibérément inondés, moquettes et meubles détériorés ou mis en pièces... Outre les lourds dégâts causés aux bâtiments, de nombreuses œuvres d’art et objets ont été endommagés. Le précieux tableau Les Mulâtres (1962) du peintre moderniste Di Cavalcanti – qui était exposé dans le Palais présidentiel – a subi les foudres des partisans bolsonaristes. Cette peinture d’une immense valeur a été poignardée sept fois avec un objet affûté, relate le média brésilien O Globo.
Un saccage retentissant
Le vitrail Araguaia (1977) réalisé par l'artiste franco-brésilienne Marianne Peretti, la sculpture en bois de l'artiste polono-brésilien Frans Krajcberg et le bronze O Flautista de Bruno Giorgi ont également été mis à sac au Congrès. Le tableau Bandeira do Brasil de Jorge Eduardo, représentant le drapeau brésilien, a, quant à lui, été aspergé d’eau à l’aide d’extincteurs, tandis qu'une rare horloge du XVIIᵉ siècle, conçue pour Louis XIV par l'horloger Balthazar Martinot (un cadeau de la France au roi Dom João IV, dont il n’existe qu’un seul exemplaire comparable, conservé au château de Versailles) a subi des dommages irréparables. Plusieurs œuvres auraient par ailleurs été dérobées.
Le président Lula, qui a fermement condamné les actes énoncés, promet de punir les responsables, tandis que l'IPHAN (Institut National du Patrimoine Historique et Artistique du Brésil) est chargé d'évaluer l'étendue des déprédations. Une vaste entreprise de restauration des bâtiments institutionnels et des œuvres sera ensuite mise en place, avec l'aide de l'UNESCO. Cependant, l'héritage du Brésil portera des cicatrices mémorielles profondes suite à ce forfait… Combien de temps faudra-t-il attendre pour que les responsabilités soient justement assignées aux auteurs de ces méfaits ? Y aura-t-il de nouvelles insurrections prochainement ? À venir ? Autant de questions fusent sur la toile – assaillent l’esprit des Brésiliens et de la communauté internationale.
Qui sont les bolsonaristes ?
Les partisans de Jair Bolsonaro sont connus pour leur indéfectible soutien à celui qui fut élu président du Brésil en 2018. Ils soutiennent la libre entreprise, la sécurité publique et la tradition culturelle brésilienne. Ils sont également connus pour leur opposition aux projets écologiques, environnementaux, en soutenant l’exploitation des ressources naturelles du pays (pour stimuler l’économie). Parmi elles, la plus précieuse réserve d'oxygène au monde : la forêt amazonienne. Les « bolsonaristes » forment un groupe hétérogène qui inclut des conservateurs sociaux et économiques, des membres de la police et de l’armée, ainsi que des électeurs frustrés par la corruption et l’incompétence des stratégies politiques précédentes.
Leur soutien en faveur de la libre entreprise se manifeste par leur opposition aux politiques de redistribution de la richesse et à l’intervention de l’État dans l’économie du pays. Ils sont favorables à la privatisation des entreprises publiques, ainsi qu’à la réduction des dépenses publiques. Concernant les forces de l'ordre, les partisans de Bolsonaro s’opposent à la réforme judiciaire et préfèrent que les policiers et la milice utilisent tous les moyens en leur possession pour lutter contre la violence et la criminalité.
Enfin, ils réprouvent les politiques de gauche et les mouvements sociaux, tels que les mouvements de la communauté LGBT et les mouvements indigènes. Il est important de noter que le soutien à Bolsonaro est loin d’être unanime. Les motivations et les opinions des « bolsonaristes » sont complexes et pourtant variables, selon les individus.
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