Retrouvez dans HUPSOO MAGAZINE – août 2022, notre article consacré au
Quand Saint-Tropez devient satellite du swing de Saint-Germain-des-Prés, c’est la dolce vita qui rencontre la bohème ; un port mythique qui accueille les personnalités iconiques du XXᵉ siècle. Après-guerre, le jazz symbolise la modernité d’une nouvelle ère cosmopolite et polyglotte, dans laquelle on refait le monde, on parle philosophie, on danse jusqu’au petit matin, tout en satisfaisant des aspirations primitives.
En 1948, Boris Vian arrive à Saint-Tropez, accompagné de son épouse Michelle et d’amis. Parmi eux, Juliette Gréco et Maurice Merleau-Ponty. Le Bar de La Ponche devient leur quartier général. Le couple Sartre/De Beauvoir et la bande de Françoise Sagan débarqueront peu de temps après sur les côtes varoises, rejoignant la troupe de joyeux lurons. À la recherche d’élégance radicale, ces artistes de renom préfèrent le Bar de La Ponche au célèbre Sénéquier, qu’ils jugent trop mondain. Ils ne sont pas de ceux qui se lèvent aux aurores et leur inclination penche naturellement vers cet autre Saint-Tropez, moins bling-bling ; plus authentique. Une liberté sans artifices, une élégance non ostentatoire ; c’est ainsi qu’ils aiment Saint-Tropez, adhérant au raffinement du jazz, préférant la convivialité festive à la suffisance des fourmis flambeuses, appréciant les multiples bienfaits apportés par des bains de mer et de soleil quotidiens.
Une effervescence festive où l’Homme épouse l’Art, où l’Art épouse l’Homme
Durant l’été 1949, Boris Vian, homme de lettres, peintre, journaliste, chroniqueur radiophonique, chanteur et musicien émérite, lance l’idée de créer un club de jazz et de danse à Saint-Tropez, comme celui de Saint-Germain-Des-Prés. Avec la connivence des propriétaires du Bar de La Ponche et de son ami Frédéric Chauvelot, le Club Saint-Germain-des-prés-La Ponche, qui deviendra plus tard Le Tropicana, est inauguré dans une vieille grange adjacente, devenue fief du jazz français et international, à l’instar de la cave-club parisienne datant du XVIIᵉ siècle, dénommée Tabou, au 33, rue Dauphine.
C’est dans cette annexe estivale du club mythique de Paname que Boris Vian va prouver sa virtuosité à la trompette malgré ses problèmes de santé cardiaque et confirmer ses compétences de directeur artistique. Il invite les plus grands musiciens de la scène internationale et métropolitaine à venir s’y produire, à l’instar de Duke Ellington, Don Byas et son jazz band, ou encore Sacha Distel, entre autres.
Le club va attirer de nombreuses personnalités du cinéma et du milieu artistique, telles que Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Romy Schneider, Catherine Deneuve, Picasso, Daniel Gélin, Pierre Brasseur, Marcel Mouloudji, Bernard Buffet, Paul Éluard, etc. La Ponche devient alors The place to be dans le village de Saint-Tropez. Les amoureux de " La Note bleue ", du be-bop, du swing et du jazz cool se pressent aux portes de l’établissement qui devient un rendez-vous nocturne incontournable dans la presqu'île provençale. On raconte à la capitale que les oiseaux de nuits de Saint-Germain ont exporté leur liberté de jeu, leur aplomb et leurs danses effrénées dans le sud. Le film de Roger Vadim Et Dieu créa la femme, sorti en 1956, donnera ses lettres de noblesses au quartier de La Ponche grâce à la sensualité de la délicieuse silhouette de Brigitte Bardot.
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