Retrouvez dans HUPSOO MAGAZINE – août 2022, notre article consacré à LA MÉHARI.
Lancée le 11 mai 1968, la Méhari* est une voiture de plein air made in France. Pensée par le constructeur automobile Citroën comme un véhicule utilitaire, elle est devenue l’auto idéale pour aller au bord de la mer. Elle est désormais l’idole des stations balnéaires après avoir été un outil de locomotion pour les commerçants, les agriculteurs et les ostréiculteurs. Ce véhicule étrange à la carrosserie en polychlorure de vinyle, construit sur la base de 2CV par le comte Roland de la Poype, fut commercialisé de 1968 à 1987. Seulement 144 953 exemplaires ont été mis en vente, soit une moyenne de 5 000 véhicules achetés chaque année. Sa rareté en fait une voiture de collection très recherchée. Pour assurer la transition entre la Jeep Hotchkiss M201 et la Peugeot P4, l’armée française commande à partir de 1972 la Méhari pourvue de deux roues motrices à
7 064 exemplaires, dont une série de 691 voitures adaptée aux auto-écoles.
En 1970, on fabrique au Vietnam une sorte de Méhari locale sur la base 2CV, dénommée Dalat. Remarqué par les équipes de Citroën, ce modèle inspirant donne des idées à la marque. En 1975, Renault propose également une version 4x4 de ses Rodéo 4 et 6 fabriquées par Raoul Teilhol. Citroën réfléchit alors à décliner en variant tout-terrain sa petite Méhari pour concurrencer ses rivaux. Le 4x4 se distingue par sa roue de secours placée sur le capot avant et son sigle reconnaissable à l’arrière du véhicule. Pourvue de 4 roues motrices, d’une carrosserie légère, de pare-chocs tubulaires à l’avant et à l’arrière, de feux arrière d’Acadiane, la Méhari est comparée à l'époque à un chamois avec un volant capable de monter jusqu’au sommet de l’Everest. Cette voiture emblématique s’arrache à prix d’or aujourd’hui, alors qu’elle fit un flop commercial retentissant lors de sa sortie le 23 mai 1979.
En 1970, la Méhari a commencé à être vendue aux États-Unis ; homologuée selon les règles en vigueur aux USA. Elle est classée dans la catégorie camionnette et ne possède pas de ceinture de sécurité. La face avant est modifiée pour recevoir de gros phares de 7 pouces et des feux de position latéraux, un moteur d’essuie-glace à deux vitesses, un pare-chocs arrière droit, des feux de recul, ainsi qu’une ridelle arrière basculante comprenant un espace pour la plaque d'immatriculation, éclairée de chaque côté. En raison de sa carrosserie en plastique inflammable, la Méhari n’est pas homologuée en Allemagne, mais la société FiberFab lançait en août 1975 un pick-up avec un pare-brise rabattable nommé Sherpa sur la base de la Citroën Dyane.
Un nuancier limité à 8 coloris
Rouge Hopi, vert Tibesti et vert Montana, orange Kirghiz, beige Kalahari et beige Hoggar, jaune Atacama, les noms des couleurs officielles intégrées au matériau de la carrosserie font tous référence à des régions désertiques, excepté le blanc et le bleu Azur. Les restaurations du bâti ont imposé une mise en peinture sur les éléments apprêtés et fournis en blanc. Il fut longtemps difficile de se procurer des pièces de carrosserie. Des revendeurs de pièces détachées spécialisés dans les 2CV et les Méharis ont fabriqué, grâce à des moules d’époque, tous les éléments de l’habitacle teintés dans les coloris spécifiques évoqués ci-dessus, et même transparents.
La Méhari au cinéma
Emblème du cinéma de Louis de Funès, la Méhari version militaire apparaît dans Le Gendarme et les gendarmettes, ainsi que dans Le Gendarme et les Extraterrestres. De nombreuses caricatures de l’inoubliable adjudant-chef Cruchot, gourmé au volant de sa Méhari, sont disponibles à la vente dans les boutiques tropéziennes. Un guide au volant d’une Méhari rouge Hopi conduit Coluche à son hôtel dans le film Banzaï. Dans La Vie aquatique de Wes Anderson, la Méhari jaune Atacama partage l’affiche avec un casting haut de gamme : Bill Murray, Kate Blanchett, Willem Dafoe et Owen Wilson. La Méhari conquiert le cinéma US et apparaît dans The Omega man, un film de science-fiction sorti outre-Atlantique en 1971, avec en tête d’affiche Charlton Heston. Elle apparaît également dans Jamais plus jamais, un James Bond avec Sean Connery et Kim Basinger.
Par ailleurs, la Méhari est utilisée sur les plateaux de tournage par les équipes appréciant sa praticité. L’agence de location Pyla Méhari a adapté une Méhari spécialement pour réaliser des travellings. Entièrement découverte, munie de suspensions de choc, elle offre une stabilité parfaite aux cadreurs et aux preneurs de son, embarqués à l’arrière. Ce modèle a notamment été loué sur le tournage de Situation amoureuse : c’est compliqué de Manu Payet.
* Étymologiquement, le méhari (mahari en arabe), est le dromadaire du peuple saharien dénommé Touaregs, l’une des dernières ethnies pratiquant l’élevage nomade. Il sert aussi la tribu chaâmbas qui vit au Maghreb et au nord du Mali, ainsi que les méharistes de l’armée française.
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