top of page
Photo du rédacteurHupsoo Magazine

LA FIGURE DU MINOTAURE PAR PABLO PICASSO


hupsoo-magazine-pablo-picasso-le-minotaure-portrait
Pablo Picasso portant un masque de taureau

Retrouvez dans HUPSOO MAGAZINE – août 2022, notre article consacré

à Pablo Picasso et à son obsession pour le Minotaure.


Pablo Picasso était un être irrésistible au regard pénétrant. Un virtuose des arts majeurs qui a marqué son temps. En effet, ses œuvres figurent parmi les plus cotées au monde. Les artistes du XXᵉ siècle, ses compagnes et ses proches n'ont pu échapper à la puissance de son influence. Il passait le plus clair de son temps à dessiner, à sculpter, à peindre et à séduire les femmes. Picasso était l’homme de tous les possibles. Il en résulte un patrimoine exceptionnel de plus de 50 000 œuvres, de nombreuses conquêtes éplorées, une vie hors du commun où la créativité flirtait souvent avec les ténèbres.


hupsoo-magazine-dora-et-le-minotaure-picasso
Dora et le Minotaure – Pablo Picasso (1936)

La mythologie gréco-romaine le passionnait. Il mit en scène de nombreux thèmes analogues. On retrouve, parmi les créatures explorées par le génie espagnol, la figure du Minotaure, motif central de son Œuvre. C’est au XVIIIᵉ siècle qu’on découvre une fresque romaine à Herculanum fixant sa représentation officielle. Le centaure bovin de la Renaissance devient un homme à tête de taureau. Picasso était littéralement obsédé par ce monstre légendaire, au corps d’homme et à la tête de taureau, symbolisant les pulsions instinctives de l’être humain.


On peut observer une mise en abyme de l’artiste à travers ce personnage célèbre. Une allégorie de la virilité. L’image d’un mortel hybride, à la fois sublime et terrifiant, fragile et puissant, incompris et pourtant, fascinant. Picasso a conscience du danger de son propre tempérament. Il croit plus à l’enfer qu’au paradis, marqué par son expérience de guerre en Espagne. Dominant, abyssal, attirant, colossal, l’artiste fait renaître l’animal musculeux, terrassé par Thésée dans le labyrinthe Crétois durant son sommeil. Érotique, libre et impitoyable ; il dresse le portrait évocateur de son for intérieur à travers son art.



À la fois divin et primaire, la dualité du Minotaure, mi-homme - mi-bête, est le reflet de sa propre complexité, de ses propres paradoxes. Ses représentations de la bestialité qui vraisemblablement – l’habite, sont métaphoriques. Le jeune Picasso qui s’ennuie à l’école est fasciné par la tauromachie. Il est habité par le souvenir de taureaux ensanglantés dans les corridas andalouses où l’emmenait souvent son père lorsqu’il était enfant. Naturellement, il manifeste, adulte, un vif intérêt pour le Minotaure. En 1927, il grave à l’eau-forte ses premières scènes de corridas. En 1928, il explore la figure du monstre de manière épurée grâce à des collages sur papier kraft marouflé sur toile et des traits réalisés au fusain dans une œuvre intitulée Minotaure courant.


Entre 1930 et 1937, Picasso réalise pour Ambroise Vollard, collectionneur et marchand d’art, une suite de 100 estampes gravées et signées associant plusieurs thématiques : celle de l’artiste, de son modèle, de son atelier et du Minotaure. Double intime, Picasso se retrouve en lui ; aussi bien dans l’image de luxure renvoyée par la bête, que dans la force obscure et dramatique liée au mythe ancestral. Le 1er juin 1933, il crée la couverture de la revue surréaliste Minotaure, éditée par Tériade et Albert Skira. Lubricité, débauche, tyrannie, cruauté sanguinaire ; le maître décrit les démons qui rôdent entre deux guerres. Il fait, à l’époque, de nombreuses recherches relatives au monstre, évoquant la sexualité bestiale, brutale et l’emprise physique d’un individu sur « sa proie ».


On peut supposer que l’artiste se représente lui-même cédant à ses pulsions sexuelles. Le « croqueur de jeunes filles » se transpose en prédateur insatiable dans des bacchanales ou copulant sauvagement avec une femme. Il parvient dans d’autres scènes à mettre en exergue l'ambiguïté qui le caractérise. L’animal en rut est capable de s’émouvoir devant les atouts du genre féminin et de dominer quelques instants son ardeur au profit d’un plaisir suprême : le désir, comme en témoigne la gravure à la pointe sèche dénommée Minotaure caressant du mufle la main d’une dormeuse, achevée le 18 juin 1933, ou encore son fabuleux dessin Dora et le Minotaure, réalisé en 1936.


Pour le maître, le Minotaure représente la dualité de l’homme qui malgré son animalité est capable de tendresse et d’amour sincère, comme dans le film la Belle et la Bête de Jean Cocteau. Il exprime également le monstre en position de faiblesse dans son œuvre Minotaure aveugle, guidé par Marie-Thérèse au pigeon dans une nuit étoilée, 1934-1935, mutilé ou bien mort dans une peinture cryptique annonçant la menace du fascisme, intitulée La dépouille du Minotaure en costume d’Arlequin, 28 mai 1936. En outre, l’auteure, journaliste et metteur en scène Sophie Chauveau, dresse un portrait stupéfiant de l’artiste dans son livre Picasso, le regard du Minotaure 1881-1937.





Le Musée Picasso d'Antibes


Le Musée Picasso d'Antibes vous accueille tous les jours sauf les lundis.

Du 16 septembre au 14 juin : 10:00 - 13:00 /14:00 - 18:00 et du 15 juin au 15 septembre, de 10:00 à 18:00.


Le château Grimaldi a été fondé sur l'ancienne cité grecque d'Antipolis, castrum romain, résidence des évêques au Moyen Âge (de 442 à 1385). Il fut habité à partir de l'an 1385 par la dynastie monégasque qui lui donna son nom. "Demeure du gouverneur du Roi", puis "hôtel de ville" à partir de 1792, l'édifice devient une caserne militaire de 1820 à 1924. Romuald Dor de la Souchère, professeur de français, latin et grec, entame ses recherches archéologiques à Antibes, en 1923. Le 29 mars 1924, le professeur crée la société des Amis du musée d'Antibes, qui a pour mission de fonder un Musée historique et archéologique, d'œuvrer à faire connaître le passé régional.

En 1925, le château Grimaldi est acheté par la ville d'Antibes et devient alors le musée Grimaldi, avec, pour premier conservateur, le professeur Romuald Dor de la Souchère. Pablo Picasso se rend au musée Grimaldi en septembre 1945 et l'année suivante, Romuald Dor de la Souchère lui propose d'utiliser une partie du château comme atelier artistique. Le peintre, dessinateur, sculpteur et graveur espagnol y réalisera de nombreuses œuvres. Suite à son séjour en 1946, Pablo Picasso offre à la ville d'Antibes 44 dessins et 23 peintures, dont les plus célèbres sont La Joie de vivre, La Femme aux oursins, Le Gobeur d'oursins, La Chèvre, Satyre, Faune et centaure au trident, Nature morte à la chouette et aux trois oursins...


L'inauguration de la salle Picasso aura lieu le 22 septembre 1947. Le 7 septembre 1948, une exposition dans laquelle figurent 78 céramiques (réalisées dans l'atelier du maître à Vallauris), confirme la valeur patrimoniale des œuvres de Picasso. De nouvelles salles consacrées aux dessins, peintures et céramiques de l'artiste sont ouvertes au public le 13 septembre 1949, à l'occasion de l'inauguration de l'exposition "Tapisseries françaises". Le 27 décembre 1966, la ville d'Antibes rend une nouvelle fois hommage à l'artiste en décidant que le château des Grimaldi devienne officiellement le musée Picasso, premier musée consacré à cet artiste considéré comme un génie du XXᵉ siècle. En 1991, un enrichissement des collections permanentes Picasso est autorisé par la dation Jacqueline Picasso.

hupsoo-magazine-pablo-picasso-l'atelier-du-minotaure
EXPOSITION "L'atelier du Minotaure" – Pablo Picasso

HUPSOO MAGAZINE

Tous droits réservés ©


Informations pratiques

Musée Picasso, Antibes

Château Grimaldi

Place Mariejol

06600 ANTIBES

Tel. 04 92 90 54 20

Tel. 04 92 90 54 26/28 (week-end)






Comments


Commenting has been turned off.
bottom of page