Entrer lentement dans un paysage. Le contempler. Le parcourir. Ressentir ses innombrables vibrations. Y prendre place. Totalement. Complètement. Faire intégralement corps avec ce décor ; en découvrir la splendeur, le foisonnement, la plénitude. Il y a tant de choses à dire, à écrire et à tenter de transcrire lorsque l'on rencontre la beauté du Monde, des mondes qui nous entourent, nous enivrent et parfois, nous submergent.
Manuel Besse, par la photographie, saisit l'instant fragile, recherchant à voir dans l'imperceptible à travers l'espace et à travers le temps. Il plonge son regard vers le passé, pour mieux jouir au présent et découvre des éclats de mondes disparus en observant la trame qui tisse le lien invisible de multiples interactions entre les éléments. Ces derniers se distinguent également dans la sublime diversité du Monde et le merveilleux foisonnement du Vivant.
Il nous invite à tenter d'observer les dialogues, les réseaux, les combats et les forces en jeu. À prendre part à la scène, y pénétrer peu à peu comme dans un tableau impressionniste ; la parcourir jusqu’à en ressentir toutes les vibrations. Le photographe est parfois effrayé, toujours émerveillé et surpris par cette puissante souveraineté. Étonné aussi de découvrir cette intensité en lui-même. « Parfois, nous avons vécu une expérience, mais nous n’en avons pas saisi l'essence » disait le poète T.S. Eliot.
Manuel grandit à Paris. Son père, lui offre son premier appareil photo à l'âge de huit ans et en héritage, sa passion pour la photographie, ainsi qu'un sens esthétique sûr. Il intègre à seize ans la prestigieuse école Louis Lumière à Paris afin de se perfectionner techniquement et développer sa créativité. Obstiné, intuitif et curieux de nature, il expérimente tous les possibles en photographie, utilisant des techniques cinématographiques pour servir ses images. Retranscrire de manière sensitive ce qu'il perçoit de son environnement est son credo. Il remporte de nombreux concours et se forme en parallèle aux beaux-arts à l'Académie Charpentier ainsi qu'à l'ethnologie en Université.
Il rêve de voyages lointains. De nouvelles rencontres. D’autres perspectives. Éphèbe aventureux, il s'envole pour la première fois au Brésil le lendemain de ses dix-huit ans. Il y retournera de très nombreuses fois et fera de nombreux autres voyages et expéditions… Lorsqu’il était enfant, il séjournait à Ramatuelle durant les vacances. Il se souvient avec émotion des sirops d’orgeat et des menthes à l’eau qu’il savourait au café de l’Ormeau en famille. Les côtes varoises, un de ses paradis ! En 2012, il décide de s'installer dans les hauteurs du Golfe de Saint-Tropez.
« L’inspiration doit rester la chose primordiale, la beauté permet l’élévation de l’esprit
et donne à jamais l’envie d’atteindre les sphères éthérées.»
Les yeux sont de formidables outils issus de longues évolutions. Mais c'est à travers de nombreux autres sens que Manuel explore l'univers photographique. Il ne se limite pas à simplement prendre la photo d'un endroit. Il prend soin de partir à la recherche de lumières et d'ambiances particulières. De sortir des sentiers battus pour obtenir un résultat optimal ; une photo belle et originale à la fois… Peu de personnes font ce travail de recherche en amont pour réussir à capturer en image le meilleur de l'endroit où ils se trouvent. Pourtant, c'est un élément primordial et déterminant. Au-delà des décors qu’il immortalise, Manuel se distingue par la personnalité qu’il met dans chacun de ses clichés.
On constate immédiatement un travail de couleurs et de contrastes qui donne une impression surréaliste à la photo. Souvent du grand-angle. Sa vision de la Nature est intimiste et révélatrice d’une émotion particulière. Le photographe s’est d’ailleurs confié à ce sujet. Il a expliqué que, pour lui, l’essentiel était l’atmosphère qui régnait dans ses différentes prises de vue. Que la démarche photographique était bien plus riche et intéressante que le résultat. Que la finalité ne résidait pas pour lui où on pourrait le croire en regardant simplement la beauté d'une photographie éditée, mais plutôt dans l'aboutissement d'un parcours de recherches, d'aventures personnelles et peu partagées, de longues heures de marche et d'observations, d'euphories, etc.
Se lever très tôt, avoir froid. Parfois, avoir peur et sentir qu'on n'est pas tout seul. Avoir la sensation d'être accompagné par un cortège fantomatique sur Terre et également en mer… Marcher, nager toujours plus loin. Jusqu’au moment où le miracle arrive ou n'arrive pas. Selon le jour, l'heure, ou encore la disposition mentale et émotionnelle du moment. L'activité physique active sa pensée, puis il s'arrête, observe et se trouve dans un état d'ataraxie absolue. C’est d’ailleurs bien souvent à ce moment-là que le miracle arrive. Il aime le mouvement de l'eau et des vagues.
Amoureux de la mer depuis toujours, il eut une véritable révélation à la lecture du livre du navigateur et écrivain Bernard Moitessier, la longue route. Cela l'a même conduit à devenir cadet de la mer lorsqu’il était adolescent et lui a permis de naviguer sur différents navires. Manuel a toujours entretenu un rapport sensible aux éléments, à la mer et à l’océan en particulier ; adorant se sentir submergé de multiples impressions. Une forme d’exaltation transcendantale qui le pousse à aller toujours plus loin dans ses périples le long du littoral. À chercher de nouveaux spots et de nouvelles perspectives.
S’affranchir de la technique pour se réaliser
Même si le lien singulier qu’il peut avoir avec la Nature et le réel en tant que « chasseur d’atmosphères » est une chose essentielle ; lorsqu’il s’agit des arts visuels, il ne faut pas non plus laisser de côté l’aspect technique d’une réalisation. Manuel s'est affranchi des carcans photographiques au fil des années grâce à sa riche expérience, afin de pouvoir savourer pleinement la beauté des paysages qu'il immortalise. Parfois même, sans regarder dans l'objectif. D'heureuses rencontres lui ont permis d'acquérir des connaissances utiles. Ses longues conversations avec son ami journaliste, écrivain et producteur Maurice Bitter, entre autres.
Concrètement, son travail commence par la recherche d’une ambiance spécifique. Cela va alors lui permettre d’immortaliser des lieux sous un angle différent. Puis il apporte sa touche personnelle grâce à son expertise allant de la prise de vue à la retouche, rendant ses clichés texturés, presque palpables. Il avoue être inexplicablement attiré par les atmosphères étranges. Outre le choix du lieu en lui-même, il explique qu’il porte un intérêt tout particulier aux conditions climatiques et au moment de la journée qu’il choisit pour photographier. En effet, en fonction de ces critères, l’atmosphère dégagée sera différente. Il en profite pour abolir définitivement le préjugé qui dit qu’une photo réussie est une photo où il fait forcément beau, bien au contraire.
Lorsqu’il trouve l’ambiance qu’il souhaite immortaliser, il se montre créatif en travaillant sur les disparités. Le photographe utilise des filtres dégradés ; expliquant qu’il y aura également une étape de post-production à prendre en compte. Néanmoins, cela ne concerne pas toutes ses images. Et pour cause, il a révélé que seul un quart de ses clichés subissait un traitement avancé. Pour le reste, le fait de garder un aspect naturel lui tient particulièrement à cœur. C’est au contact de la Nature qu’il trouve ses principales sources d’inspiration. En son sein, il donne vie à ses idées. Il a l’habitude d’utiliser des longues poses pour faire ressortir les mouvements de l’eau et des nuages.
Il confie marcher des heures seul de jour et encore plus souvent de nuit, être de manière obsessionnelle en quête d’autres perceptions sensorielles des éléments. Au cours de ses différentes séances, il est amené à beaucoup se concentrer sur l’exposition de ses images avec souvent, la mise en place de filtres assombrissant. Tous ces détails sont importants pour que la pose soit la plus optimale possible au regard du résultat souhaité. Il précise, par contre, que ces réglages se doivent d’être étudié au cas par cas. Alors que certaines scènes s’adapteront parfaitement aux poses longues, ce ne sera pas le cas pour d’autres.
En définitive, le travail d’un photographe se doit de prendre en compte tout un tas d’éléments pour obtenir un résultat véritablement satisfaisant. Conforme à sa démarche artistique, à ce qu’il a à l’esprit. En outre, il est nécessaire d’avoir un matériel adapté pour débuter la photographie de paysage. Ce dernier doit notamment être en mesure de résister à toutes les intempéries. En particulier si vous décidez de partir à l’assaut de climats difficiles.
Une envie de voir encore plus grand !
Manuel a mis en avant sa volonté de partir en expédition scientifique et de pouvoir apporter sa pierre à l'édifice en tant que photographe et vidéaste. Il décrit avec beaucoup de poésie la découverte d’énergies cachées qu’il a été amené à rencontrer lors de ses différents voyages. Cela lui a donné l’envie de voir plus loin et lui a permis de se sentir prêt pour effectuer ce type de reportages. Il précise que cela sera une bonne opportunité d’inclure plusieurs personnes dans ses décors, ce qu’il a beaucoup fait par le passé.
Pour en savoir plus sur son univers et son travail, allez faire un petit tour sur ses différents réseaux sociaux. De surcroît, il propose des stages photographiques pour les particuliers et professionnels aux thématiques attrayantes le long du littoral du golfe de Saint-Tropez, sur la Riviera française et à l'étranger. Manuel a également réalisé des films documentaires magnifiques et a de nombreux projets en cours de réalisation qui aboutiront à des parutions de livres photographiques et d’autres projets ambitieux qu’il tient pour le moment à garder secrets.
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Informations pratiques
MANUEL BESSE
Directeur artistique d'Hupsoo Magazine
photographe et vidéaste – Saint-Tropez
Tél. 06.29.88.65.88
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