Pourquoi la Promenade des Anglais s’appelle-t-elle ainsi ?
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La Promenade des Anglais fait assurément partie des lieux incontournables de la ville de Nice. Cette avenue mythique d’environ 7 kilomètres longe le bord de mer en partant du quai des États-Unis, au niveau du jardin Albert 1er, jusqu’à l'aéroport Nice Côte d’Azur. Elle épouse la courbe en croissant lunaire de la baie des Anges, bordée d’hôtels prestigieux, de plages publiques et privées où touristes et locaux aiment se retrouver pour se détendre, prendre des bains de soleil quasiment toute l’année et faire la fête. Son identité cosmopolite et son esthétisme caractéristique l’ont rendu célèbre dans le monde entier.
Dès le début du XIXe siècle, Nice voit affluer d'Angleterre l’aristocratie et la bourgeoisie britannique venue profiter de la douceur du climat méditerranéen, contrastant nettement avec la grisaille anglo-saxonne durant la période hivernale. Ces gentilshommes et leurs ladies s’installaient dans de magnifiques villas offrant une vue imprenable sur la grande bleue, le long de la baie des Anges. Leur présence dynamise l’économie niçoise et participe grandement à la prospérité de la ville à l’époque. Néanmoins, ils déploraient l’absence d’un trottoir le long de la mer qui leur aurait permis d’admirer la baie tout en profitant de l’air marin. Ils devaient faire un long détour en passant par le Pont-Vieux, qui était l'unique possibilité de traverser le Paillon à l’époque, pour se rendre sur les Terrasses bordant le cours Saleya, épicentre de la vie mondaine.
Alors, en 1822, le pasteur anglican Lewis Way eut l’idée de récolter des fonds auprès de ses compatriotes afin de pouvoir construire une chaussée littorale de 2 mètres de largeur. Ce projet permit également de donner du travail à de nombreux ouvriers et miséreux niçois. La pauvreté était grande à cause des intempéries entraînant de mauvaises récoltes. Les travaux se terminent deux ans plus tard et les autorités baptisent la nouvelle chaussée strada del littorale. Cependant, la communauté niçoise la désignera rapidement el camin dei Inglès (la promenade des Anglais). C’est donc cette appellation qui a été officiellement retenue lors de l’annexion française du comté de Nice en 1860.
Nice et son rapport à la mer
La relation de Nice avec la mer a longtemps été compliquée. Les pêcheurs ne ramenaient que de maigres butins sur les étales des Ponchettes, dépourvues d’installations portuaires fixes. En effet, les fonds profonds n’étaient pas propices à de bonnes pêches et la violence des tempêtes méditerranéennes n'arrangeait pas les choses. La crainte de se faire attaquer par des corsaires chrétiens ou barbares était omniprésente. Au XIVe siècle, les Niçois ont construit une muraille le long du littoral de la ville (de l’actuel Vieux Nice en somme). Percée d’une seule porte appelée Porte Marine, ce rempart défensif dissuadait les malveillances.
Au XVIIIe siècle, plusieurs événements vont ouvrir la cité sur la mer. L’armée de Louis XIV va détruire la muraille de la ville en 1706. À partir de l’an 1751, les activités commerciales sont transférées au nouveau port Lympia. Les années 1760 marquent l’arrivée des premiers hivernants britanniques sur la côte niçoise et la construction des Terrasses sur les toits des habitations longeant le cours Saleya, changera durablement les rapports de Nice à la mer. La construction de la Promenade des Anglais est consécutive à ces changements. Elle fut la première voie de promenade littorale initialement, exclusivement dédiée aux loisirs et à l’oisiveté dans le Monde. Relier le port à la ville devient de plus en plus nécessaire, alors en 1770 des travaux visant à percer le rocher de la colline du Château sont engagés. Ils dureront deux ans et seront considérables. Ils apporteront beaucoup à la ville de plus en plus touristique.
Un peu d’Histoire
La commune de Nice a bénéficié de terrains cédés par Charles III, duc de Savoie, en 1513. Situés entre l’actuelle rue de France, l’avenue de la Californie et la Méditerranée, ils n’avaient pas d’autres vocations que celle d’assurer davantage l’exploitation du littoral pour les citadins. Au milieu du XVIIIe siècle, Nizza la Bella devient une station d’hiver pour les Anglais fortunés. La majorité d’entre eux s’installent dans des villas cossues longeant la rue de France, entre Magnan et le Paillon, et dans le quartier de la Buffa baptisé Newborough, la petite Londres.
Les terrains sablonneux concédés à la ville de Nice en 1513 sont divisés en une trentaine de lots puis vendus à des particuliers en 1837. Le comte Jules Caravadossi d’Aspremont, maire de Nice, ordonne la plantation d’arbres et d’arbustes à fleurs le long de la Promenade des Anglais, prolongée jusqu’aux Beaumettes en 1844. La Promenade arrive à Magnan en 1856 et fait désormais huit mètres de largeur, mais n’a toujours pas de trottoirs. “ Au bord de la Méditerranée d’eau, on se promène dans un océan de poussière” écrivait Alphonse Karr tant elle était poussiéreuse.
En 1863, les premiers éclairages à becs de gaz sont installés sur la Promenade. Cette dernière est élargie de deux mètres et pourvue d’un trottoir mesurant 3 mètres. En 1864, le pont Napoléon, puis le pont des Anges chevauchent l’embouchure du Paillon, reliée au quai des États-Unis, anciennement nommé quai du Midi.
La Promenade devient le lieu de rencontre privilégié du beau monde. En hiver, en fin de matinée et en début d’après-midi, on y rencontre des cavaliers, des coupés et des landaus. Les gens se promenaient entre les haies de lauriers roses, ombrelles à la main. Le premier casino de Nice est inauguré en 1867. De nombreux hôtels de luxe s’implantent petit à petit le long de la côte.
La jetée-promenade, inspirée de la jetée de Brighton sur la côte sud de l’Angleterre, sera construite sur pilotis en 1882. Détruite en 1944, elle était majestueuse et emblématique. Chef-d'œuvre architectural, ce monument est resté dans la mémoire collective niçoise. Kiosque à musique, salle de spectacle, théâtre, cercle nautique et bains de mer, c’est un lieu incontournable de festivités et de rencontres dans la ville. Le casino de la jetée-promenade ouvre ses portes en 1891. Une floraison de palaces apparaît avec la construction de l’hôtel Royal en 1905, le Ruhl et le mythique Negresco, en 1913, etc.
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